Célébration de mon 70ème anniversaire
Introduction
Voilà un énoncé qui a fait
polémique au point que, pour reprendre les paroles d’une personne venue par
curiosité, voir cet « enterrement vivant », « la moitié de mes
invités » ne seraient pas venus à cause de ce qui aurait été compris comme pensée
morbide. Puis elle a ajouté qu’elle a bien fait de venir parce qu’elle n’aurait
rien compris à ce que j’entendais faire si elle n’avait pas été présente et qu’elle
ne le regrette pas !
Je savais que de nombreux chrétiens
manquaient d’humour, mais pas à ce point. Beaucoup d’autres choses sont remonté
jusqu’à moi, qui m’ont donné l’impression que certains chrétiens sont toujours
dans l’esprit de l’inquisition, et même pire, car pendant l’inquisition il y
avait au moins des semblant de « procès », même si ceux-ci étaient
« orientés » avec une fausse écoute… Mais dans le cas présent, ils
ont jugés et condamné, sans voir ni écouter celui qu’ils jugeaient.
La première raison de leur jugement
est une erreur de sémantique, notamment chez certains de nos frères africains
qui parlaient d’enterrement à la place d’obsèques. Parler d’enterrement aurait
été effectivement morbide, à mon avis. Un enterrement, c’est une mise en terre
d’un corps mort, et si on se réfère à la définition du dictionnaire le petit
Robert, le premier sens de ce mot c’est « action d’enterrer un mort, de
lui donner une sépulture (voir ensevelissement, inhumation) ». Un deuxième sens
inclut « l’ensemble des cérémonies qui précèdent et accompagnent cet enterrement
(voir funérailles). » Alors que le mot obsèques concerne essentiellement toutes
les cérémonies et envoie au mot "funérailles" qui est défini
comme « ensemble des cérémonies accomplies
pour rendre les honneurs suprêmes au défunt. » Et c’est ce que je dénonce, comme
mon père l’a fait il y a 51 ans, car je le considère comme un retour en Égypte.
C’est ce que je me propose d’expliquer en deux points pour ceux qui ne sont pas
venu m’entourer ce jour-là par réaction à cet intitulé, mais également pour l’affermissement
de ce qui nous ont honorés par leur présence. Le premier concernera le point de
vue de la religion et le deuxième, le point de vue culturel et plus particulièrement
de la culture africaine. Puis je tirerai une conclusion à partir de ces deux
approches.
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Sur le Plan religieux
Il est vrai que je me suis inspiré
de ce qu’a institué notre père, Albert MPONDO DIKA, dans la famille et qu’aucun
de nous ne s’était appliqué à accomplir jusque là, souvent par ce que je considère comme
superstition, car papa est décédé sept ans après avoir célébré ses
« obsèques » à l’occasion de ses 70 ans. Mais en réalité ce qui m’a
motivé c’est mon engagement actuel pour un retour aux sources de la foi
chrétienne, la Thora d’Israël, racine dont les pères de l’Eglise et leurs
successeurs nous ont coupés à cause de leur haine des juifs, ce qui a entraîné
la "paganisation" de la foi chrétienne.
En effet, le culte des morts que
nous connaissons aujourd’hui et qui est
entré dans les mœurs des chrétiens n’existait pas parmi les premiers chrétiens
qui étaient tous juifs. L’exemple le plus frappant, est celui d’Ananias qui
suite à son mensonge tomba raid mort et la Bible dit à ce sujet : « Les
jeunes gens, s’étant levés, l’enveloppèrent, l’emportèrent, et l’ensevelirent. »
Actes 5 :6 lorsque sa femme, Saphira arrive un peu après, elle n’est pas
au courant que son mari est mort et enterré. Lorsqu’elle réitère le mensonge de
son mari, Pierre lui dit : « Voici, ceux qui ont enseveli ton mari
sont à la porte, et ils t’emporteront. Au même instant, elle tomba aux pieds de
l’apôtre, et expira. Les jeunes gens, étant entrés, la trouvèrent morte ;
ils l’emportèrent, et l’ensevelirent auprès de son mari. » Actes
5 :9-10. Ces jeunes gens, à peine avaient-ils terminé d’ensevelir le
mari qu’ils devaient emporter également la femme, sans aucune cérémonie, pour
l’enterrer aux côtés de celui-ci.
Cela se passe de commentaire. Un
autre passage qui illustre bien cet esprit est la réaction de Jésus lui-même,
lorsqu’un des disciples l’aborde en lui disant, dans Matthieu 9 :21-23 « Seigneur, permets-moi d’aller d’abord
ensevelir mon père. Mais Jésus lui répondit : Suis-moi, et laisse les
morts ensevelir leurs morts. Il monta dans la barque, et ses disciples le suivirent. »
Les funérailles tels que nous les
connaissons aujourd’hui relèvent des pratiques égyptiennes et gréco-romaines. Dans
le judaïsme c’était un sacrilège qu’une dépouille s’approche d’un sanctuaire.
Les prêtres ne devaient même pas y toucher ! Dans le judaïsme cela ne se
passait pas ainsi et ce n’est pas parce que certains juifs de nos jours ont
aussi adopté ces modes que je dirai le contraire. Et même parmi ceux qui ont
adopté un cérémoniel proche de ce que nous connaissons, certaines pratiques sont
toujours respectées : les dépouilles ne sont pas exposées y compris aux
membres de la famille, l’incinération demeure interdite et le corps après être
lavé selon un rituel par ceux qui sont appelés à le faire est simplement
recouvert par un linceul blanc et mis en terre. Nos funérailles sont ce que pour ma part je
considère comme un "retour en Égypte". Ce sont les égyptiens qui
pratiquaient ce culte païen de la mort, où les dépouilles étaient maintenues
des jours, des semaines voir des mois par des cérémonies interminables et
étaient exposées jusqu’au jour de leur enterrement. Quant aux gréco-romains ils
ensevelissaient leurs morts dans des temples avec grandes cérémonies et avaient
des panthéons pour leurs demi-dieux. Les morts étaient également exposés
pendant des jours voir des semaines afin de leur "rendre hommage" avant d’être
incinérés ou enterrées en grande pompes pour les gens de la haute société,
notamment les patriciens. Pour la plèbe, ils étaient immédiatement incinérés ou,
plus tardivement, enterrés le même jour. Pour tous les autres des classes en
dessous, les esclaves par exemples, ils étaient jetés dans les fosses communes.
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Sur le plan culturel
Les enterrements, y compris chez
les chrétiens, ont suivi les mêmes rituels que les égyptiens ou le monde
gréco-romain. Nous avons fait entrer les morts dans des sanctuaires (de
nombreuses personnalités de haut rang sont enterrées dans les églises et les
cathédrales), les cérémonies funéraires sont devenues interminables et sources
de dépenses souvent inconsidérées, notamment parmi les africains (et pas seulement). Nos morts
sont souvent mis dans des « frigos » pendant des semaines, voire des
mois, ce qui nécessite un budget non négligeable. Un collègue Nigérian
m’informait dernièrement qu’un de nos collègues, un pasteur très connu chez
eux, décédé en mai 2019 en Angleterre, vient seulement d’être enterré en
février 2020, parce qu’il fallait organiser ses funérailles comme il se doit et
« comme il le mérite... » Il fallait en outre attendre que ses enfants
éparpillés aux quatre coins de la planète s’accordent sur une date à laquelle
ils pouvaient tous être présents au Nigeria afin que tous puissent lui "rendre
les honneurs auxquels il avait droit". Et ce n’est pas le seul cas. Dans mon
pays d’origine, le Cameroun, les cas sont nombreux de ce genre et ont tendance
à se multiplier. Les familles rivalisent "d’honneur", à savoir qui va habiller
son cadavre avec le costume le plus cher de la planète et les enchères montent.
C’est devenu un business lucratif pour les sociétés qui organisent ces cérémonies.
Ces morts qui sont ainsi richement
habillés, mis dans des cercueils qui coûtent des millions de CFA, auraient parfois aimé avoir ces
millions pour se soigner et guérir de leur maladies (bien entendu, ce n’est pas
le cas pour tous), ou mieux vivre pendant qu’ils le pouvaient encore, et
personne ne le leur aurait donné. Les gens sont prêts à dépenser « des
cents et de milles » pour un mort, et zéro centime pour le vivant !
Pour exemple, un neveu qui trouvait coûteux la dépense de transport pour une
région proche de la nôtre et Strasbourg, ainsi que pour deux jours d’hôtel pour
venir célébrer mes 70 ans, n’a pas hésité à prendre un billet d’avion pour se rendre
à un enterrement familial au Cameroun un weekend plus tôt, avec tout ce que cela
implique, car on n’y va pas les mains vides !
De plus ces rassemblements donnent
lieu à toutes sortes de « kongossa », terme qui signifie commérages
en "francamerounais" (voire pire que ça !) Je suis allé
dernièrement à un enterrement africain à Paris, que n’ai-je pas entendu dans le
cortège qui accompagnait la dépouille au cimetière. Heureusement que les
intéressés n’entendent pas ces conversations car ce serait, dans la situation
qu’ils vivent, des paroles tueuses si cela parvenait à leurs oreilles.
De plus tous les discours qui sont
faits devant le mort ne lui servent plus à rien. C’est de son vivant qu’il
aurait aimé entendre sa famille, ses amis, ses frères et sœurs en christ lui
dire toutes ces choses. Et ce jour-là, certains qui l’auront traité en ennemi
de son vivant trouveront qu’il avait
aussi des qualités. Mais il sera trop tard.
En
conclusion
En organisant la célébration de mes
70 ans comme mes obsèques, je voulais dire à tous ceux-là qui sont des adeptes de ce
« retour en Égypte », comme Jésus lorsque les juifs lui demande de
faire des miracles, il leur répond dans Matthieu
12 :9
« Une génération méchante et
adultère demande un miracle ; il ne lui sera donné d’autre miracle que
celui du prophète Jonas. »
A tout ceux qui ne sont pas venus,
pour quelle que raison que ce soit, je leur dit qu’à mon départ pour la Patrie
Céleste, vous n’aurez d’autre obsèques que la célébration de mon 70ème anniversaire !
De toute ma famille seulement deux personnes côté maman
et deux de mes frères les plus proches sont venus. Cela me permet de savoir sur
qui je peux compter. Par contre, si certains de nos amis chrétiens évangéliques ont
manqué d’humour au sujet de l’intitulé de ma célébration, quelle ne fut ma joie
de voir avec quel humour ma belle-famille, qui était d’ailleurs pratiquement au
complet, a pris la chose ! Je leur en suis infiniment reconnaissant !
J’ai demandé à mon épouse et à mes
enfants que je sois enterré le même jour que je partirai sans aucune cérémonie,
notamment d’aucune église en particulier, ce d’autant que je ne me reconnais
plus depuis quelque temps, comme membre d’une église organisation associative,
mais membre de la Quéiylah (Assemblée) de Yéshoua... Que l’argent ne soit pas dépensé pour des
costumes que je n’aurais pas mis de mon vivant ni pour autre chose que je
considère comme inutile pour un mort et que je sois simplement enveloppé tel
que je suis venu au monde dans un linceul blanc et mis en terre sans cérémonie,
dans un cercueil le plus simple et le moins cher possible. Je refuse ce retour
en Égypte qui est entré dans les meurs du christianisme contemporain à tel
point que les chrétiens ne s’en rendent même plus compte. S’il y a de l’argent
à dépenser, que ce soit pour le vivant, pour l’éducation des orphelins et des pauvres
que je soutiens en Afrique et en Haïti plutôt qu’à un mort qui n’a plus rien à
attendre que de paraître devant son Seigneur au jour de la rencontre. C’est la
seule charge que je laisse à mon épouse et à mes enfants : soutenir ceux
dont je subviens à la scolarité, au moins jusqu’à la fin de leurs études. Je
sais que mon épouse exécutera ce testament, j’ai pleinement confiance en elle.
Je lui laisserai toutes les instructions écrites et détaillées en la matière.
Une petite anecdote : j’ai
partagé cela avec un frère pasteur et à ma surprise, sa réaction a été :
« tu ne vas tout de même pas te laisser mettre dans n’importe quel
cercueil ! »…
Contrairement
à ce que beaucoup ont pensé, pour mes 70 ans c’est la vie que nous avons
célébré et non la mort. Jésus a dit : « Je suis la résurrection et la vie.
Celui qui croit en moi vivra, quand même il serait mort ; et quiconque vit
et croit en moi ne mourra jamais.» Jean 11 :25-26 et c’est ce que
je crois ! J’ai bien choisi le Psaume
90 :10 non pas pour dire ou faire entendre que maintenant je vais
mourir. Ceux qui ont pensé cela ne connaissent probablement pas l’origine et
les circonstances de ce Psaume. C’est un Psaume de Moïse et il l’a écrit alors
qu’il avait déjà dépassé cet âge (70 ans) et avait atteint 80 ans. Il savait
donc de quoi il parlait. En outre, quand on sait qu’il a vécu 120 ans, alors on
ne peut pas le soupçonner d’intention morbide !
Je terminerai
donc avec ce passage d’Isaïe 38 :
17-19 qui reflète quelque peu ma vie et ma pensée, ainsi que ma motivation
pour célébrer l’Éternel pour mes 70 ans sur la base du Psaume 90 :10.
« Voici,
mes souffrances mêmes sont devenues mon salut ; Tu as pris plaisir à
retirer mon âme de la fosse du néant, Car tu as jeté derrière toi tous mes
péchés. Ce n’est pas le séjour des morts qui te loue, Ce n’est pas la mort qui
te célèbre ; Ceux qui sont descendus dans la fosse n’espèrent plus en ta
fidélité. Le vivant, le vivant, c’est celui-là qui te loue, Comme moi
aujourd’hui ; Le père fait connaître à ses enfants ta fidélité.»
Que l’Éternel
et Père de notre Seigneur et Sauveur de nos vies, Yéshoua HaMashiah, nous fasse
grâce ! Qu’HaKadosh Baruch Hou vous bénisse et vous garde, Qu’Il fasse
luire Sa face sur vous et vous accorde Sa grâce, Qu’Il tourne Sa face vers vous
et vous donne la PAIX !
Daniel MPONDO