mercredi 27 mars 2013

L'AFRIQUE EST-ELLE UN CONTINENT MAUDIT?



Je ne voudrais pas alimenter le cercle des Afro-pessimistes, mais ce qui s’est passé au Cameroun il y a quelques semaines avec l’enlèvement de toute une famille de sept personnes dont quatre enfants, appelle à réflexion.

Après la traite européenne des noirs qui a vidé le continent de sa population, la révolution industrielle en Europe à la fin du 18ème siècle qui a abouti à la colonisation et à l’appropriation par l’Occident des richesses agricoles et du sous-sol africain pour les besoins de cette industrie, nous ne pouvons que constater les dégâts causés par toutes ces hégémonies au continent Africain. Cette situation perdure encore et le plus souvent, est à l’origine des guerres fratricides dans ce continent. Elle ne profite qu’aux multinationales qui ont fait main basse sur l’exploitation de ces richesses, et nous pouvons nous interroger sur les nouvelles formes d’hégémonies qui se profilent à l’horizon de ce continent. Elles sont insidieuses et moins agressives lorsqu’elles viennent de l’Asie, mais violentes et religieuses lorsqu’elles sont issues d’un certain Islam.

Les gouvernements africains sont exsangues par les restrictions budgétaires que leur impose le FMI. Ils vivent cette situation paradoxale qui fait qu’ils forment des populations auxquelles ils ne peuvent fournir du travail par la suite ce qui donne de jeunes ingénieurs, médecins juristes et autres qui ne trouvent pas d’emploi faute de budget et soit alimentent le vivier de chômeurs diplômés, soit s’en vont exercer en Occident, aux Etats-Unis ou au Canada. Cette situation entraîne le ralentissement de l’activité économique de ces pays qui pourtant ont tout pour imprimer à leurs économies une croissance à deux chiffres. Tout y est à faire ou à refaire ! Sans parler de la corruption qui gangrène leurs systèmes économiques.

Ce qui se passe au Mali, aussi bien que ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire il y a quelques années, nous instruit sur les capacités réelles de ces états à assurer leur indépendance. Les armées africaines sont justes bonnes pour maintenir leurs despotes au pouvoir et brimer les populations locales. On en arrive à se demander si cela n’est pas fait exprès pour que les puissances ex-coloniales (et plus que jamais néocoloniales) demeurent des gendarmes éternels de ce continent, ce qui leur donne la maîtrise sur ses richesses.

En même temps, certains africains qui n’ont pas les moyens de leur politique, jubilent du fait que les occidentaux désertent des régions de ce continent à cause de l’insécurité. J’ose espérer qu’ils se rendent compte que l’Afrique n’aime pas le vide : quand les africains eux-mêmes ne sont pas capables de le combler, d’autres prennent la place sans rien demander à personne. Ce sont ceux-là qui critiquaient le Paris-Dakar à cause des quelques accidents de parcours sur lesquels ils s’appuyaient pour vilipender les organisateurs sur leur mépris de l’Afrique, ou autres actions de ce type en oubliant les retombées économiques. Aujourd’hui, cette compétition qui n’a plus d’Afrique que de nom, profite au continent sud américain..., aujourd’hui les enfants d’Afrique continuent de mourir et meurent plus qu’avec le Dakar, dix fois, cent fois plus avec les kalachnikov des islamistes.

L’Afrique noire est-elle maudite ?

Le tourisme camerounais était déjà très timide et mal en point par rapport au tourisme dans d’autres pays africains tels que le Kenya, l’Afrique du Sud etc. Cette région du Nord Cameroun a été très calme jusqu’ici. Chrétiens et musulmans cohabitaient dans une entente presque cordiale. Mais à cause de la prise d’otage de la famille française, cette partie du pays est désormais zone réputée dangereuse. À tel point que tous nos projets dans cette région sont remis en question.

- Il n’est plus question d’emmener une équipe de l’institution Notre Dame de Sion à Doreissou pour l’inauguration du puits que les élèves ont contribué à creuser, des bancs du Collège–Lycée qu’ils ont financé, la menace terroriste étant devenue réelle dans cette région. Ce ne sont pas les interventions contradictoires et maladroites des autorités camerounaises qui vont prouver le contraire.

- L’un des responsables de l’organisation « Next Generation » de Luis Palau qui devait s’impliquer dans l’évangélisation au Nord Cameroun, vient de m’informer de leur retrait de ce projet. Nous devions, à la suite du Congrès pour l’évangélisation du Nord Cameroun qui devait se tenir à Maroua, investir une dizaine de localités de l’Extrême Nord du Cameroun pour y organiser une semaine d’évangélisation.

Jusques à quand cela va-t-il durer ? Jusques à quand les chrétiens vont-il reculer devant la violence Islamiste croissante en Afrique subsaharienne ? Je viens de lire l’histoire du pasteur Akono que m’a envoyé Open Doors USA : originaire du Cameroun, il a ouvert une église au Nord du Nigeria qui a connu jusqu’en 2011 une croissance remarquable au point d’atteindre plus de 500 membres. Voici ce que nous rapporte Portes Ouvertes USA dans son message du 15 mars 2013, c’est Akono qui raconte : « Chacun de nous vit dans la crainte perpétuelle. Parfois les foyers des chrétiens sont attaqués dans la nuit. Nous vivons dans une peur constante. Ma tante et deux neveux âgés de 14 et 15 ans étaient seuls à la maison un soir, et des hommes sont venus pour prendre son mari. Mais comme ils ne pouvaient le faire, ils ont massacré les deux garçons devant leur mère... » À ce jour son église compte à peine une centaine de membres. Est-ce cela qui nous attends au Nord Cameroun ? Avons-nous le droit de tout laisser tomber et regarder les islamistes s’installer sur le territoire africain sans rien faire ? Sinon, que faire, comment changer la donne ?

Que le Seigneur nous fasse grâce !

Daniel MPONDO